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mardi 7 février 2012

♩ Assassins de la Polisse ♬




Où comment j’ai aimé un film d’intello aux multiples prix dans tous les grands festivals de cinéma.

Un film primé à Cannes (ou même nominé), sauf exceptions c’est très vite catalogué comme film d’auteur, ce qui signifie pour les puristes un film imbuvable et profondément chiant et que, généralement, j’aime pas trop (non mais regardez le gagnant à Cannes l’année dernière : ça craint !). Et bien c’est dans cet état d’esprit réfractaire que j’ai fini par m’installer devant le monument (selon la critique) de Maïwenn : Polisse. Et bien ma foi, mon scepticisme a été puni : le film est très réussi et plutôt bien interprété. Donc voilà, encore une fois sans transition, cher allociné, quel résumé officiel nous fais-tu de ce film ?

Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.

En dehors du quotidien plutôt glauque de la Brigade de protection des mineurs, on va dans ce film s’intéresser principalement au drame (parce que oui « drame » est le mot le plus adapté, c’est profondément dramatique ce film, ça rend un peu même dépressif) humain. Les agents de la brigade ont l’air d’en chier et toi, seul face à ta télé, ton ordi (bouuuh pas bien ! Le streaming c’est le maaaaal !), ton Ipad, ton écran de ciné,... et bien t’en chies avec eux. Bref, c’est cru, c’est beau, c’est puissant, et t’y crois ! Toute la thèse du film va alors reposer sur la meilleure façon de concilier une vie privée, qui s’en trouve rapidement ébranlée jusque dans ses fondements les plus fondamentaux, avec la démonstration quotidienne de la misère humaine, ce que parviennent du reste à exprimer de la plus belle manière possible Karin Viard  dans son rôle de fraiche divorcée et Marina Foïs dans celui de flic psychorigide et anorexique. Parce que oui, des enfants qui crèvent la gueule ouverte (pardonnez-moi l’expression) c’est toujours plus forts que des soldats bourrins qui ont des révélations sur la condition humaine perdus au fin fond de la jungle vietnamienne avec des connards professionnels de la guérilla qui leur collent au cul... Oui mais vous méprenez pas : Apocalypse Now, Full Metal Jacket, ou tout autre film de guerre un minimum réfléchi ça envoie du pâté chinois quand même ! Donc vie privée et vie professionnelle comme thème principal ; mais aussi la condition de la police qui en tant que service public est :
1.    Fortement hiérarchisé (en tant que service public régalien, reprenez vos cours de droit administratif...)
2.    Doit selon la Loi, faire abstraction de tout type de conviction personnelle, et par conséquent, d’implication morale
Mais alors, pour les agents de la BPM chargés de veiller à la sûreté de l’enfance, cela apparaît de plus en plus difficile de s’écraser devant le boss parce que des fois, et c’est triste nous sommes tous d’accord, on estime que la sûreté de l’Etat, de l’intégrité territorial, de la protection civile dans son intégralité, c’est éminemment plus important que quelques gamins sans-papiers qui mendient pour survivre et se font tabasser par leurs ainés (voyez toute l’ironie de la situation). Cependant, cher internaute, ne te méprend pas à nouveau, le véritable intérêt de ce film va résider dans sa représentation des relations humaines avec un avantage certain, contrairement à d’autres films dont je tairais l’intitulé, de ne pas trop faire dans le mélo et le larmoyant. D’ailleurs ce thème du  misérabilisme qu’un tel métier pourrait induire est plutôt bien géré : alors oui ça en chie, oui ça ouvre fréquemment les vannes, mais on arrive quand même à se réjouir quand on sauve un môme et Maïwenn va consacrer une scène toute entière (attention spoiler !) à prendre chèrement pour son grade pour le rappeler... Enfin, le film ose, et ose taper dans le sujet sensible en s’insérant (en sautant à pieds joints ?) dans le débat de la diabolisation de la police par la société française actuelle... (Mais vade retro, voilà une problématique trop délicate pour que mon avis personnel sur la question vienne renverser l’opinion publique, où même pour que j’aie envie de le diffuser !)

Ebé voilà, en conclusion, Polisse est un film simple et efficace, sans (presque sans) faute scénaristique (oui parce que bon la situation familiale de Maïwenn/Mélissa dans le film c’est trop drôle, trop pas probable et trop de pas super bon goût), les acteurs sont bons, l’histoire s’enchaine plutôt bien, la chute finale est plutôt brutale et Joey Star nous offre une performance remarquable, on est bien loin de NTM là ! 


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